Le vent se lève, là-bas, à l'horizon. Oslo plante ses yeux au plus profond des premiers rayons du soleil, un sourcil relevé, sa lèvre inférieure coincée entre ses dents. Son sac à dos lui détruit peu à peu les os, ses épaules sont rougies par le frottement du tissu contre sa peau nue. Ses muscles consumés à mesure qu'il marchait s'embrassent maintenant qu'il est à l'arrêt. Mais il s'en moque. Les mains dans les poches, le regard porté à l'horizon il laisse le vent jouer avec ses cheveux. Les rayons qui lui transpercent la rétine semblent brûler le temps, le figer. Tout s'arrête. Oslo reste là, à défier le soleil. Les poils de ses avant-bras se soulèvent avant de se recoucher alors que son corps se réchauffe. Son t-shirt tombe maladroitement sur ses épaules, une fine bourrasque traverse le fin tissu dont il est composé. Son esprit divague, s'envole, se perd dans ce paysage paradisiaque, presque inhumain. Bali se dessine devant lui tout en couleurs, en odeurs, en saveurs. Et il arrive pas à y croire. Il arrive pas à croire que demain, il sera dans cet avion, celui qui l’emmènera loin de tout ça. Son voyage touche à sa fin. Ca fait un an, un an qu'il a tout quitté, qu'il a tout mis en pause. Ça lui semblait tellement long, un an, 365 jours. Et c'est passé tellement vite. Il aimerait tellement pouvoir garder cette sensation de liberté, de possibilités infinies, celle qu'il ressent en ce moment même alors qu'il contemple cette scène époustouflante. Et puis il se met à penser à eux, Pj, Tahlia, Ethen et tous les autres. Tous ceux qu'il a laissé derrière lui le temps d'un voyage. Et l'excitation monte, coule dans ses veines. Il va les revoir, eux, il va pouvoir les toucher, enfin. Même si cette année fut une des plus belles, une des plus enrichissantes de sa vie, chaque jour qui l'ont composée, il n'a jamais cessé de penser à eux. Au moins une fois par jour, parfois à des moments inattendus, c'était des petites choses les faisait vivre derrière ses paupières closes. Oz se laissait emporter un moment, la nostalgie le gagnait à mesure qu'il pensait à eux avant qu'il ne refasse surface et les range dans un coin de sa tête. Le plus dur c'était la distance entre lui et Pj. Jamais ils n'avaient été séparés de la sorte. Jamais. Parfois avant de dormir, Oz faisait un tour dehors, que ce soit en Australie, en Allemagne ou encore aux États-Unis, il marchait un moment, pour se vider la tête, pour profiter du moment. Et il aurait juré que parfois, quand le jour laissait doucement la place à la nuit, la silhouette de son frère se dessinait à l'horizon. Comme s'il continuait d'une certaine façon à veiller sur lui alors que des milliers de kilomètres les séparaient l'un de l'autre. Et puis plus rien. Oslo agrippe son appareil photo du bout des doigts, il inspire profondément, l'air empli ses poumons. Il observe un instant le panorama qui se dessine à travers son objectif. Il expire. Il est prêt. Son doigt s'enfonce sur le bouton et il capture tout ce qu'il ne peut toucher sous son objectif. Souvenir éternel. Le vent emporte avec lui les dernières effluves d'un été révolu. Son voyage touche à sa fin.

chapitre deux.

when i am with you there's no place i'd rather be.