Léonore a perdu ses parents biologique très jeunes dans un accident chimique. Laborantins, ils avaient testé une mauvaise mixture qui leur avait coûté la vie, accident tragique qui avait fait du bruit dans les différents médias qui existaient à l'époque. Elle a tout de suite été placée dans le système social des familles d'accueil, étant donné que personne dans sa famille directe n'était apte à en prendre soin. Celle dans laquelle elle a été placée en première était parfaite. Jamais aucun enfant n'aurait pu rêver de mieux, et c'était probablement la meilleure famille de tout Galway. Ils ont élevé la jeune fille comme si c'était leur propre enfant, et ils ont fini par l'adopter. A l'âge de treize ans, Léonore fut contactée par un garçon qui en avait quinze à l'époque, disant être son frère biologique qui avait été retiré par les services sociaux aux parents. Une histoire à en dormir debout qui perturba pendant quelques mois la jeune fille, qui finit par en faire totalement abstraction. Alors qu'elle allait dans un collège misérable aux bâtiments vieillos et terriblement horribles, ses parents déménagèrent un dans le comté de Wexford, pas totalement dans la vie mais près de là dans la campagne. Scolarisée cette fois dans une école toujours modeste mais déjà bien plus jolie, elle y découvrit grâce à ses nouvelles amies cette application qui allait occuper la plupart de son temps : Twitter. Cette application magique lui avait valu une nouvelle notoriété qu'elle n'avait jamais connu avant. Des gens la suivaient sans trop de raisons, même des gens qu'elle ne connaissait pas. Bon, pas beaucoup, mais ça l'était pour elle. Malheureusement, ce petit bijou de technologie possède également ses défauts : les rumeurs. Elles pullulent et tout le monde y croit sans même chercher à comprendre. Remarque, elle même croit les rumeurs qui tournent quand elle le veut donc... Peu de ces rumeurs l'avaient atteinte, juste deux ou trois qu'elle avait vite essuyées en balançant un tweet qui démentait totalement et avec efficacité ces « gossips ».

En grandissant, Léonore eût affaire aux aléas de la vie, peu agréables généralement. Des phobies se sont développées chez elle, et quelques déceptions amoureuses se sont profilées par-ci par-là ébranlant la confiance de la jeune fille quant à son futur. Ce dont elle a besoin pour vivre, c'est d'amour. Et ce n'était plus à dix-sept ans qu'elle allait en recevoir de ses parents, surtout dans cette période qu'on appelle « l'adolescence »... Et ce fut l'apothéose. Un copain, des revenus stables, des phobies de moins en moins imposantes... Sa vie allait pour le mieux, et elle était sur le point d'arriver à ses dix-huit ans. Encore quelques mois à tenir, mais elle commit une erreur, la plus grosse erreur de sa vie. Ces paroles « T'inquiètes pas, ça arrivera pas », un oublie de capote, une promesse à tenir, une envie insoutenable. Tant pis, c'est pas grave, on y va. Et en effet, et il est allée. Un peu trop sans réfléchir et un peu trop sous l'influence de l'excitation. Trois semaines plus tard, des vomissements récurrents qui ravivaient son émétophobie, des fatigues, des pertes de sang discrètes. Puis vint la rondeur et son petit ami qui part, la peur de rentrer chez elle et qu'on lui dise « Oh, tu as bien grossi ma chérie ». Un numéro. Et Twitter. Elle retrouva ce garçon qui disait être son frère biologique. Il n'habitait pas très loin, et avait de la place chez lui. Elle est restée là-bas durant la fin de sa grossesse jusqu'à son accouchement, faisant croire à sa famille à la fugue. Après ça, elle désactiva Twitter. Beaucoup de services étaient à sa recherche, elle demandait aux gynécologues et aux médecins de se taire et de ne rien dire, et c'est ce qu'ils faisaient. A l'accouchement, des pleurs. Beaucoup de larmes. Et quelque mots qui lui arrachèrent le cœur « Je t'aime mais j'aime ma liberté plus que toi ».  Et elle le laissa, là, à la maternité. Elle revint chez elle, laissant totalement tomber son « frère ». Arrivée au foyer, l'émotion fut forte, mais non exprimée. Des larmes chez la mère, de la colère et des larmes chez le père, et des cris de joie chez la petite sœur. Quant à Léonore, c'était juste un regard vide de sens et de sentiments. Elle mit un an à s'en remettre, et tout le monde se demandait pourquoi elle était partie. Elle était tombée en dépression. Un psychologue la suivait désormais, et la suivra probablement tout le long de sa vie. Après cette année rudement difficile pour la jeune fille, elle se décida à vivre pleinement sa vie mais à une condition : à ce qu'elle soit accompagnée toujours par quelqu'un qui l'aime et qui sera toujours là pour la soutenir. Elle avait beaucoup perdu confiance en elle suite au départ de son ancien petit ami, elle remettait la faute sur elle et se dévalorisait en permanence. Aujourd'hui, Léonore a réactivé Twitter et a perdu du poids, arrivant à marcher plus fièrement dans les rues de Wexford. Et ses amis sont toujours là, personne ne l'avait oubliée. Et heureusement.