● avez-vous le permis ? si oui avez-vous une voiture ? si oui quelle voiture avez-vous ?  + non, t'avances à pied, ou en vélo. tu frôles le bitume de tes pieds, tes bottines s'usent au rythme des trajets mais peu importe, l'air caresse ta nuque.

● avez-vous des animaux ? si oui lesquels ?   + aucun non. t'aurais bien voulu, mais c'est pas si simple.

● quel est votre style vestimentaire ?   + bohème. des bottines, des robes vintage. des motifs, des fleurs, des poids. des tissus fluides ou hivernaux. l'héritage de maman.

●  avez-vous des phobies ? si oui lesquelles ?   + la survie.

● êtes-vous bordélique ? + non, t'as toujours dû mettre de l'ordre à la maison.

● savez-vous cuisiner ? + t'as bien été obligée d'apprendre seule. alors oui, tu cuisines, chaque jour pour les petits. pour leur apporter un peu de réconfort.

● êtes-vous à l'aise avec la technologie ?  + pas tellement. on t'a dit que les réseaux sociaux pouvaient t'aider dans ta guérison. alors tu vas quelques fois au cyber café, tu voles sur les ailes de l'oiseau bleu. t'as un vieux portable, une petite brique que tu délaisses souvent.

● êtes-vous jaloux ? + tout dépend. on t'a appris à partager. mais c'est parfois trop dur. et puis, t'as jamais connu de réel amour toi.

● avez-vous une passion ?  + baudelaire, sans hésitation. tu cours sur ses poèmes qui te font sourire. sur la littérature française.

● pratiquez-vous un sport ? si oui le ou lesquels ? + la survie.

2009
lula lula ça finira mal
maman était jolie, trop jolie peut être.
c'était un petit soleil. elle souriait et paraissait se replier devant papa. elle avait cet accent venu d'Ukraine et le visage du froid. mais quand elle souriait, c'était toute la pluie qui s'effaçait, c'était un voyage en méditerranée. et puis elle avait ces yeux bleu océan, comme une parure, un bout de ciel qu'on garde avec nous.
maman était trop jolie.
et il y avait papa.
papa, ce nuage qui cache le soleil. ce roy. l'offre d'une nouvelle vie pour un soleil clandestin. peut être qu'il l'a épousée juste pour ça, pour les papiers. des fois, tu te demandais s'il l'avait aimée d'amour, et pas que de beauté. enfin. il s'affichait au bras d'une jolie femme.
une jolie femme qui lui offrait de beaux enfants, aux grands yeux et au sourire trop large aussi. toujours des enfants. sept en tout.
et toi, t'étais la plus grande.
alors un jour, quand il avait dit que maman était parti. quand il avait dit qu'elle vous avez abandonnés, qu'elle rêvait de liberté. que son pays lui manquait. quand il avait dit tout ça, quand il avait détesté maman, toi, t'as été obligée de t'occuper des autres petits.
t'avais treize ans.
tu connaissais rien. tu savais pas cuisiner. tu savais pas changer les bébés.
tu connaissais rien.
rien.
rien.

2014
quand tu pars la nuit
tu coulais. petit à petit.
tu laissais ton corps sombrer. t'avais fait couler le bain pour les petits. mais ce soir là, tu les avais pas appelés.
c'était toi qui était entrée dans le bain. t'avais encore ta robe d'hiver, avec ta superposition de collants troués. t'avais pas de fleurs dans les cheveux ce jour là.
absolument rien.
t'avais plus rien.
t'avais trouvé une lettre en nettoyant, dans la cuisine, dans un placard jamais ouvert. une lettre de maman. de maman la jolie. mais maman, elle avait pas fait une jolie lettre. elle avait fait une lettre d'adieu parce qu'elle supportait plus la vie. elle supportait plus les coups de papa, du nuage qui cache le soleil.
vous, vous saviez rien de tout ça. alors t'as rien dit, t'es partie toute la journée mais t'as pas été travaillé (et maintenant, dans la baignoire, t'avais plus peur de te faire virer).
maman elle disait qu'elle allait sauter dans un pont, disparaître sans aucune trace, pour pas faire de bruit. et papa lui il vous l'avait fait moins aimer. il vous avait dit qu'elle vous avez abandonnés pour retrouver de la liberté.
il ne l'aimait pas, ce jour là. tout le monde l'avait vu.
toi tu l'aimais maman. elle avait fait pleurer ton cœur. t'avais juste voulu la rejoindre, la retrouver. te noyer. aspirer de l'eau dans tes poumons à en crever.
crever, c'est c'que tu voulais.
crever.
mais papa nuage à décidé d'entrer.
il a toqué et t'as réveillée, toi qui voulait partir.
alors il a crié, et t'es restée.
vivante.
(ou morte à la vie.)