L’incompréhension. Sa tête lourde, son regard fixait le plafond alors que ses épaules dénudées la couverture blanche couvrait d’un frisson des plus insupportables. Un silence insoutenable brisé par un nouveau cri de douleur. C’était presque quotidien. Parfois même plusieurs fois par jour. Un homme qui lève la main sur une femme et qui la fait hurler de douleur. Et ces marques sur sa peau le lendemain… Sa honte, cette façon dont elle cachait tant bien que mal sa soumission au reste du monde…
Cette fille c’était ma meilleure amie, Alexis. Et moi je restais là, allongée dans mon lit, entendant les pires horreurs dans la chambre d’à côté. Beaucoup pourraient me trouver ignoble en lisant ces lignes, mais ils ignorent tout le reste… Ma tête était de plus en plus lourde et mes muscles me lâchaient peu à peu. Oui je ne contrôlais plus rien, et préférais m’allonger avant de m’écrouler tant mes jambes étaient en coton, dans l’impossibilité de soutenir mon corps. Une substance qui vous pourrit la vie. Celle qui vous rend accro, au point de tout perdre, même votre raison, votre perception des choses et dans mon cas du bien et du mal. Mon meilleur ami en couple avec ma meilleure amie. Le schéma idéal non ? Et pourtant, il levait la main sur elle… Et je restais là, sans rien dire, trop stone pour agir, trop peureuse pour oser lever le ton, alors que j’entendais ses pleurs, ces larmes que je séchais dans la salle de bain pendant mes quelques secondes de lucidité. Une vie qui peut sembler horrible à vivre si vous lisez ces lignes, mais lorsque vous perdez la tête, le temps semble passer plus vite et être moins douloureux..
Le regret. Voilà plusieurs mois que j’étais à son bras. Je pensais enfin avoir trouvé la bonne personne, vous savez cette moitié avec lui vous passez plusieurs mois de votre vie avant de penser que vous voulez finalement passer le reste de votre vie avec elle. Oui. C’était une femme. Plus grande –logique vu ma taille-, un caractère bien trempé et un cœur d’or. Enfin c’est l’image d’elle que j’avais. Mon premier amour. Du moins de ce sexe-ci. C’était déjà compliqué d’assumer ma différence, mais ça l’était encore plus de s’avouer qu’elle était à mes yeux la personne la plus chère, celle avec qui je vieillirai. C’est la seule fois où j’ai pensé ces mots stupides que sortent les jeunes filles qui n’ont pas encore vécu de déception amoureuse. Avant la chute, en somme. Elle est partie. Du moins dans sa tête.. Elle n’était plus avec moi, ailleurs, surement trop occupée à penser à quelqu’un d’autre alors qu’elle bouffait chaque seconde de ma putain de vie... C’est le problème avec l’amour : ça vous rend fou. Ne pas savoir fermer les yeux sans penser à elle. Regarder la place vide dans votre lit, tristement. Et c’est l’encaissement du premier chagrin d’amour. Merci Dani-Hell..
La renaissance. On tente de se relever. J’avais la drogue, j’avais Eric qui me poussait vers le bas, j’avais Alexis que je poussais vers le bas à mon tour. Mon job de dealeuse, l’argent facile, une copine formidable et tout s’écroule. Du moins c’était mon point de vue de l’époque. Alexis qui ouvre les yeux et part de-là. Ma relation avec Dani qui cesse et me déchire le cœur. Voilà comment était ma vie : mon meilleur ami, moi et ma drogue. Un appartement miteux, une hygiène de vie ignoble et cette putain de drogue qui m’enfonçait au fond du gouffre. Puis il y a le réveil. Brutal. Soudain. Celui qui vous fait réaliser que vous n’êtes qu’une loque, un corps dépourvu de sens, une coquille vide, désespérément vide de sens. On remonte la pente peu à peu et surtout on se confronte à nos erreurs. Son rejet, son silence, ses insultes, ses mots durs. Alexis me déteste, mais comment puis-je lui en vouloir ? Je l’ai laissée dans cette merde. J’y étais aussi enfermée, mais inconsciente de ce que je faisais, de ce que je faisais. Mais même avec un corps sobre et propre, j’arrive plus à avancer. Je veux son sourire, la prendre dans mes bras, croire qu’elle sera encore là pour moi, lui faire savoir que j’ai finalement changé comme elle a pu le faire..