On lui avait toujours dit qu'elle était belle et il fallait bien s'accorder sur le fait que c'était effectivement le cas. Une longue chevelure bouclée, caramel, un sourire ravageur et une bonté qui en avait fait succombé plus d'un. Du haut de ses dix-sept ans, Carolina était pourtant tombée amoureuse d'un homme à son opposé. Orlando semblait toujours comme entouré de froideur, de mystère. Il ne souriait pas souvent, mais lorsqu'elle eut la chance d'assister à l'un de ses rares moments ou son expression faciale traduisait la joie, tout fut très clair dans son esprit : elle voulait le revoir sourire. Le plus souvent possible. Tout au long de sa vie. Elle le voulait lui. Il lui céda. Elle était belle, affectueuse et pour lui, foncièrement brouillé avec ses parents, elle demeurait ce qui se rapprochait le plus de la famille qu'il se faisait l'effet d'avoir perdu. Ils se mirent à sortir ensemble et il lui demanda sa main quelques semaines après qu'elle eut fêté ses vingt ans. Elle accepta, des étoiles pleins les yeux. Quelques mois plus tard, elle tombait enceinte. Un premier mensonge. L'enfant n'était pas de lui, mais plutôt celui de l'un des amis d'enfance de la brune. Peu importe, elle mentit, ne voulant pas prendre le risque de perdre sa famille, de susciter de la colère. Qui plus est le père biologique ne voulait pas de cet enfant. Monsieur Lopez lui en voulait. Tout le monde était gagnant... N'est-ce pas ?






Rafaël vit le jour à Rio de Janeiro , ville natale de son paternel, mais aussi de sa mère. Une ville chargée d'histoire, pour le joli petit couple. Désireuse de mettre de la distance entre cette ville abritant le père biologique de son nouveau né, elle insista pour que le petit couple déménage, proposant la France, ou ses parents étaient désormais installés. Il accepta, en amoureux de voyages. Ils déménagèrent en banlieue Parisienne. C'est en France que la famille vint à s'agrandir, avec deux petites filles : Leah, puis Olivia. Aîné de sa fratrie, Rafaël a toujours été aussi protecteur qu'une maman chat veillant sur sa portée. Pourtant, Leah, sa cadette, s'est vite révélée être tout aussi mature que lui, voir quasiment davantage. Peu importe, ses soeurs demeureront toujours des petites filles à ses yeux. A ce sujet, élevé notamment par sa mère, mais aussi sa grand mère, Rafaël n'a jamais été du genre macho. Son père pourtant, à contrario l'a toujours été ainsi alors il a très mal réagit en voyant son fils, son petit mec, commencer la danse classique, au sein de l'école de danse de sa mère, un héritage familial. Pilote au sein d'une compagnie aérienne, il partait souvent, laissant l'éducation de leurs enfants à sa femme et lui reprocha "cette inclinaison". Vexé, Rafaël ne compte plus les nombreuses qui l'ont opposé à son père. Puis tout s'est arrêté. L'avion dans lequel se trouvait le paternel s'est retrouvé dans la mer, suite à un crash, créant une fin bien douloureuse.

A ce jour, enterrer son père a été la chose la plus dure qu'Rafaël ai jamais fait. Savoir que les derniers mots qu'il a échangé avec son père était ceux d'une dispute interrompue et non des tendresses, cela n'aide pas. Très proche de sa famille, pour soutenir les trois femmes de sa famille, il s'en ai trouvé affecté. Il n'a pas réussir à faire son deuil avec elles et le poids de la mort de son paternel, il se le traîne toujours. Son père a été enterré au brésil, dans sa ville natale et c'est sans doute une très bonne chose et pas seulement car c'était là le désir de l'homme. Le reste de la famille se trouvant en France, Rafaël n'avait pas la possibilité de venir souvent sur la tombe de son père, une chance car sinon il y aurait passé un bon paquet de temps, suscitant l'inquiétude de sa maman, ce qu'il a toujours essayé d'éviter. Car il faut bien continuer à vivre, Rafaël, à la sortie du lycée, son bac en poche, entreprit des études courtes, de langues, mais s'arrêta en plein milieu. Il dansait en parallèle et poussé par sa mère, dans le métier depuis des années, il finit par se consacrer à sa passion. Sa mère, au revenu assez aisé du fait de son héritage bien garni, versait fréquemment de l'argent son compte, le tout couplé à l'héritage paternel qui en dépit de tous les conflits, avait versé pas mal d'argent à son fils aîné.

A l'âge de vingt-deux ans, Rafaël décida de quitter la France et par conséquence, sa maman et ses soeurs. Il venait d'être accepté dans une prestigieuse école d'art, à New York et décida qu'en dépit de toutes ses attaches, il serait déraisonnable de refuser de faire ce saut. Ainsi, il quitta l'hexagone pour les Etats-Unis. Il avait d'ores et déjà loué, en prévision, un appartement, à quelques pas de son école et commença à mener sa vie d'adulte. D'un naturel sociable, notamment parmi les filles (manque de testostérone, dans ses cours de classique), il s'intégra très bien. Il avait connu déjà quelques histoires d'amour en France. Il se savait beau, tout en ayant la finesse de feindre ne pas en avoir conscience. Tendre et doux, sans pour autant en être plus féminin que masculin, il était davantage défini par une droiture et un maintien lui conférant une élégance toute particulière, le fruit de toutes ses années de danse. Résistant à la souffrance (ses pieds en ont vus pas mal), il a comme tout un chacun eu des peines de coeur. Sa première copine à New York, il l'a plaqué après l'avoir retrouvé au lit avec un autre. Ce fut la première et la dernière fois. Petit ami parfait, tendre et affectueux à souhait, Anton a cependant perdu une partie de sa foi en l'amour. Il a tendance à plaquer vite, dès lors qu'il ne se sent plus en confiance et les histoires d'un soir se multiplient également. Sa vie amoureuse est un bordel sans nom. Et un jour, il en devint un encore plus grand.

2012 - « On se connaît ? » Demanda Rafaël en enfilant ses baskets. Il n'avait pas le temps de discuter, il devait se rendre à l'école pour répéter un ballet et cette fille qu'il ne pensait connaître ni d'Eve ni d'Adam se pointait au mauvais moment. Il avait été trop gentil pour le lui faire remarquer et voilà qu'elle restait plantée devant le living room, l'air au bord de la crise de nerfs. « On s'est vu à une soirée, il y a quelques mois et bref, on a fini dans ton lit. » Elle inclina le couloir menant à la chambre du brun derrière elle. Celui-ci se passa une main sur la nuque en acquiesçant piteusement. Il était jamais fier de ce genre d'histoires, ce qui ne le dissuadait pas de continuer pour autant. « D'accord et pourquoi tu... » « Je suis enceinte. » Rafaël se figea, l'estomac au bord des lèvres. Elle plaisantait, elle devait plaisanter. « J'ai voulu t'avertir en constatant que j'avais du retard, beaucoup de retard et puis je n'osais pas et puis je suis passé devant toi et... Et voilà. » Le brun ravala difficilement sa salive et baissa les yeux en constant qu'il l'avait dévisagée. « C'est pas forcément le mien. » Marmonna-t'il d'une voix blanche. La fille attacha ses cheveux en une queue de cheval. S'il ne s'était pas efforcé de se concentrer pour cesser de trembler, il se serait aperçu qu'elle tremblait elle aussi. « J'en suis quasiment certaine. Et si tu ne me crois pas, ce qui serait légitime, j'aimerais que tu fasses un test. »

Il fit ce test qui justifia les propos de la jeune femme. Le bébé était de lui. Après une phase douloureuse qui lui donna envie de courir se réfugier en France pour échapper à tout ça, il resta, s'avérant même être un futur papa très dévoué à la future mère dont la grossesse fut bien difficile. Enfin, il pensait qu'elle exagérait un peu. Une petite fille, bien trop choyée, qui avait fait une erreur, susceptible de détruire toute sa vie, tous ses plans. Elle était si capricieuse et il l'acceptait pour le bébé, s'efforçant de satisfaire toutes ses envies de femme enceinte, aussi farfelues soient elles parfois. Ils ne se mirent pas en couple. Elle vivait chez lui, car c'était plus simple et c'était la mère de son bébé, voilà tout. Cependant, durant ce temps il se calma et resta célibataire tout au long de la grossesse, se privant même de sexe. Il était en train de re-planifier sa vie. Il décida d'accepter ce rôle de professeur au sein de son école, tout en sachant que pour cela, il acceptait de sacrifier des heures qu'il aurait put passer à perfectionner sa technique. Il tirait une croix sur ses projets, bien que restant dans la danse. Il le fit avec le sourire. Le jour de la naissance de son fils fut le jour qui lui fit comprendre qu'il ne s'agissait pas le moins du monde d'un sacrifice en vain. Il resta des heures à contempler son bébé et ne le vit pas venir, lorsque la mère se tira, quittant l'hôpital comme une voleuse, le laissant seul avec un enfant et un simple mot. « Je ne peux pas. Je suis désolée. »

Papa célibataire, avec un bébé dans les bras. Ca marche avec les filles, il n'y a pas à dire, même si ça fait également peur. Et ses éventuelles conquêtes ne sont pas les seules que ça effraie encore. Si son fils représente tout pour lui, Rafaël n'en est pas moins toujours un peu maladroit avec lui. Toujours est-il qu'il le chéri, il donnerait sa vie pour lui et ce même si il a bouleversé sa vie. Il vit dans la peur du moment ou son fils lui demandera ou est sa maman, pourquoi il  n'a qu'un papa. ça le fait flipper. Il ne sait pas ce qu'il dira. Il n'a pas le temps de songer au futur cependant. Pas quand le présent s'avère déjà être si palpitant./div>