Maman disait que les choses qui nous rendait le plus heureux parfois, ne durait pas éternellement. Que c’est comme ça, qu’on ne pouvait rien y faire. Et tant pis, si ça nous plaisait pas. Que le vrai bonheur était limité. J’ai alors pensé que c’était comme lorsque que l’on voit une étoile filante. On a un petit truc qui nous chatouille de l’intérieur et qui nous fait sourire, comme si on avait découvert quelque chose qui dépassait de l’ordinaire. Maman disait pleins d’autre chose aussi mais je suis resté sur cette idée. Que le bonheur c’etait comme une étoile filante. Parce que c’est rare d’être heureux, tu sais. C’est aussi rare que les étoiles filantes. Et quand j’y pense ça me fait mal maintenant. Et j’ai un peu mal aussi, quand j’y pense souvent. Mais putain, j’ai surtout mal quand j’y pense maintenant. « Je venais d'une famille qui se contentait de ce qu'elle avait. J'avais une soeur, elle était plus vieille que moi. Noor. On s'entendait bien, même trop. Le stéréotype était pourtant que les sœurs ne s'entendaient jamais. On était fusionnelles et c'en était même surprenant. Maman était dentiste, papa policier. Des métiers banals. Quand papa était de garde, le soir, on attendait toutes les trois son retour. Il devait finir à vingt et une heures et il arrivait tout le temps deux heures plus tard. Parfois papa et maman se disputaient quand Noor et moi étaient dans nos lits respectif. Parfois j'allais la rejoindre parce que j'avais peut. Leurs cris étaient insupportables et j'entendais des claques qui volaient, aussi. Noor me caressait le crâne pour me calmer et je m'endormais. Le lendemain maman avait souvent des traces bizarres sur le visage. Elle trouvait tout le temps des excuses mais je savais que c'étaient les coups de papa. À l'école, une fois, l'institutrice nous a demandé quel métier on voulait faire. Tout le monde avait répondu "star", "policier", et moi j'ai répondu danseuse. Tout le monde a rigolé. Il pensait que je n'y arriverais pas. Que je ferais mieux de faire un bête métier comme tous les autres. Mais la danse c'était ma passion, ce que je voulais faire. Je ne voulais pas travailler dans un magasin ou avec être célèbre. Je voulais juste faire ce que j'aime et j'avais pris les choses en main pour y parvenir. Maman m'a inscrite à des cours de danse, et j'y allais avec plaisir. J'étais dans mon élément. À côté il y avait Sienna. C'était ma meilleure amie d'enfance, on était très proches. On s'était même données des noms de pierre précieuses, ainsi elle se surnommait Jade et moi Ruby. Et ces surnoms sont d'ailleurs restés puisque c'en est devenu mon nom de scène. On passait notre vie ensemble, elle était devenue littéralement toute ma vie. On était de réels opposés mais c'était ça le truc génial. J'avais toujours douté de mes sentiments pour elle. Et ça c'est confirmé au lycée, je l'aimais bien plus qu'une simple amie mais je ne lui ai jamais dit. À personne d'ailleurs. Je connaissais toute sa famille comme elle connaissait la mienne. D'ailleurs elle savait que ce n'était pas facile en ce moment dans ma famille. Papa et maman avaient rompus, je ne voyais plus mon père. À cause de lui j'avais l'impression que tous les garçons étaient comme lui; menteur, infidèle et violent. Je ne voulais pas avoir de petit ami. Je ne voulais pas souffrir comme maman. Puis, un jour, j'avais voulu me rendre chez elle, personne. Je l'ai appelée sur son portable. Répondeur. Sa maison était vide, plus rien. Sa maman ne comprenait pas ce qu'il s'était passé, moi si. Sienna était partie. Elle m'avait abandonnée, sans rien dire. Putain. Comment elle a pu me faire ça. Elle me manquait énormément et je le vivais d'ailleurs très mal. Mais je continuais ma vie, espérant secrètement qu'un jour elle réapparaisse devant moi. Mon boulot de danseuse me prenait énormément de temps. Mais plus le temps passait, plus les opportunités étaient grandes. Ainsi je me retrouvais à danser pour des célébrités, sur des plateaux télé. Ruby était partout. Et une opportunité s'est présentée : m'installer à Wexford. Je n'ai pas pu refuser. C'était mon métier en jeu, et j'étais prête à tout, même à quitter ma famille en Australie, ce que j'ai fait. Je ne le regrette pas, même si, ça me fait bizarre cette nouvelle vie. Je recommence tout à zéro. »